Le Gouverneur de Meknès aime beaucoup le canard rôti. La poétesse de la Cour du Gouverneur Bochra Maryam le sait bien. Désireuse de plaire au Gouverneur et de gagner un peu d'argent, elle va au marché aux volailles et choisit un bon et beau canard. Elle rentre chez - elle et en confie la cuisson à sa mère. Le canard fumant est bientôt à point. Bochra le contemple, il sent bon, une envie irrésistible s'empare d'elle : Goûter à ce canard. Mais comment faire : Elle ne peut vraiment pas offrir des restes à son Gouverneur de Maître ! Prendre une Aile ? Couper un morceaux de cuisse ? Que faire ? Elle a envie d'y goûter ! Mais ! se souvenant que les canards se tiennent toujours sur une patte, une seule, elle n'hésite pas à en détacher une et la mange avec une délicieuse satisfaction. Elle se rend ensuite au Palais du Gouverneur pour lui offrir son cadeau.

Le Maître de Meknès se tient avec son vice-Gouverneur Barbach sur une terrasse atténuant au jardin. Bochra Myriam se présente avec son plat enveloppé.
- Que portes - tu là, Bochra ? Interroge le Gouverneur.

- Je connais ton goût pour le canard rôti, je t'en ai fait préparer un et je viens te l'offrir, l'accepte-tu, des mains de ta servante mon Seigneur ?

- Quelle heureuse inspiration, tu as eu Bochra, et tu as bien choisi le moment. J'ai un petit creux. Bochra présente le plat au Gouverneur. Celui-ci s'aperçoit aussitôt qu'une patte manque au canard rôti :

- Que m'offres-tu là ? Les canards n'ont donc qu'une seule patte ?

- Oui mon Seigneur et maître, c'est ainsi que le Dieu tout puissant les a crées et pour que tu en sois convaincu, il te suffira de jeter un regard vers le jardin, tu verras que les canards n'ont qu'une patte, c'est bien clair. Le Maître des lieux constate en effet que les canards dans son jardin se tiennent sur une patte. Il dit à Bochra :

 - Tu peux, menteuse, fille de menteuse, prétendre que tu as raison, mais je vais te prouver que les canards ont bien deux pattes. Il prend alors, un objet, le lance vers les canards qui aussitôt s'enfuient sur deux pattes.

- Et maintenant, Bochra, qui a raison ?

- Mon Seigneur, répond celle-ci, c'est trop facile, à ce prix, moi avec ce simple bâton, je ferai marcher ton Vice-Gouverneur sur quatre pattes... alors qu'il n'en a aucune.

A cette remarque, le Gouverneur se prend à rire et se tournant vers son adjoint, il lui dit :

- Choisis, Barbach ! Entre l'expérience que propose Bochra ou lui verser une récompense. Et, sans hésitation, en fidèle adjoint du Gouverneur, Barbach adopte la seconde solution.